Inciter à a création d'une Maison de l'Adolescent en Saône et Loire en application des décisons des Pouvoirs Publics, de la Conférense de la Famille, du Défenseur des Enfants, du Plan de Santé Mentale 2005-2008

vendredi, mai 15, 2009

PENSER le SUICIDE- Mission LEONETTI

PENSER le SUICIDE pour mieux le PREVENIR


Si le substantif « suicide » n’est apparu qu’en 1734[1], c’est dés le milieu du IVèmes. av J.C., qu’HEGESIAS, philosophe cyrénaïque, incitait publiquement les hommes à se suicider. L’idée n’est ni moderne, ni novatrice, elle est intemporelle.

A la lumière du n°3 des Cahiers de l’UNPS nous poursuivons la réflexion à l’aide du rapport de la Mission d’évaluation de la loi LEONETTI [2]pour tenter de comprendre comment on peut arriver à mettre un terme à son existence, ou au contraire continuer de vivre, et par là dégager des pistes de prévention

SOLIDAIRES devant la FIN de VIE -Rapport Jean LEONETTI [3]

On ne résume pas 700 pages d’audits ni 300 pages de rapport. Cependant la nature des informations recueillies, les témoignages de personnes de terrain, de toutes conditions et de tous bords de JL ROMERO à Xavier MIRABEL), l’audition des parents d’Hervé PIERRA invitent à se reporter à ce document. Il ne faut y voir ici qu’une modeste et trop rapide incitation à compléter notre réflexion.

Marie de HENNEZEL[4] analysant la loi 2005 sur les dispositions en fin de vie remarque que les demandes d’euthanasie émanent personnes souffrant de douleurs chroniques et aigües (80%)[5], de dépressifs profonds non soignés (60%)5, auxquels il faudrait adjoindre les facteurs psychologiques et sociaux, comme la peur de l’agonie, la perte d’estime de soi (dévalorisation de la personne, sentiment d’inutilité…), la culpabilisation du poids supporté par l’entourage. La pression médiatique pèse également de son poids en jouant « sur l’image, l’impact émotionnel, les médias invitent rarement à penser.. »4. « L’agonie n’est plus acceptée de nos jours, elle est perçue comme un temps pénible et inutile.la bonne mort, c’est la mort rapide, discrète »4. Restent les cas extrêmes (grands prématurés, état végétatif ou pauci-relationnel[6]) sur lesquels se focalise l’opinion publique et dont on voudrait tirer des conséquences pour tous. L’instrumentalisation de la peur fait le reste.

Pour faire simple les dispositions prises en 2005 n’ont pas donné encore pleine mesure pour plusieurs raisons :

uL’inégalité d’accès aux soins et à l’accompagnement palliatifs : outre les disparités régionales, on remarque que les EHPAD[7] et les maisons de retraite médicalisées n’appliquent pas l’art. 13 [8].
vLes dispositions de fin de vie sont mal connues, mal interprétées, mal appliquées : « 10% des unités de soins palliatifs -j’ai honte de le dire- n’utilisent pas l’échelle permettant de mesurer l’apaisement d’une personne »[9], 75% des médecins répondant à l’enquête ignorent la loi de 2005[10]. Certains services ont reçu des moyens sans mettre en place la démarche palliative…[11]. Ignorance du numéro AZUR 0811 020 300 renseignant le public sur les dispositions prises.
Pour beaucoup l’arrêt des traitements va de pair avec la suspension des soins actifs visant à soulager la douleur, apaiser la souffrance psychologique, sauvegarder la dignité de la personne et soutenir l’entourage. Certaines équipes ne savent pas traiter la douleur ou la sédation et craignent en y ayant recours de commettre un acte répréhensible. Quant à la collégialité des décisions sur l’arrêt des soins inutiles ou disproportionnés elle se heurte encore, soit à l’isolement (solitude du médecin sur qui l’on se décharge[12]), soit à un défaut d’intégration du personnel soignant, des familles ou des proches.

wLa résistance à la diffusion de la culture des soins palliatifs, flagrante dans les établissements « techno-centrés ». L’obstination déraisonnable[13] n’a pas rendu l’âme. La lourdeur administrative et la résistance au changement demandent du temps lorsqu’il s’agit de modifier les comportements. Quant aux messages diffusés par un système d’information binaire, ils s’accommodent mal de la nuance et « ne sauraient se réduire, comme certains voudraient nous le faire croire, à une réponse simple pour une question simple ». Les personnes n’ont « pas vocation au nom d’un déterministe simpliste à avoir le même destin »[14]

LE SUICIDE ne peut se RESUMER à un SEUL OBJET .

Or c’est toute la difficulté de la prévention de devoir s’adapter à l’histoire particulière de chacun :troubles du comportement, fragilité sociale, vieillissement, tyrannie de la belle apparence[15], troubles d’identité sexuelle, border-line, victimes de violences ou de viols, traumatismes de l’enfance, dépression non soignées, bref tous les facteurs de co-morbidité réunis en une solution : la dose de Natrium pentotal de DIGNITAS, l’asphyxie au sac plastique rempli d’hélium du Dr SOBEL en Suisse.
Sans entrer sur le terrain du droit remarquons qu’une législation du suicide assisté nous ferait passer d’un droit-liberté à un droit-créance16 avec la création à terme d’une administration dédiée aux affaires euthanasiques ouvrant la voie à un système étatique dont il est facile d’imaginer les dérives.
Ramener la question de la fin de vie, ou du suicide, à un seul objet est terriblement réducteur d’autant que les angles de perception sont évidemment différents selon que l’on est médecin, ethnologue, sociologue, politique, juriste, religieux, philosophe, si bien que « dès qu’une approche spécifique croit pouvoir en rendre raison et en dire le fin mot, une autre démarche révèle l’incomplétude de la première. » De même l’étiologie du suicide est loin d’être univoque : pour DÜRCKEIM : le déterminisme social, pour FREUD : les pathologies mentales, pour Edwin SCHNEIDMAN et Norman FARBEROW[16] : les ‘’autopsies psychologiques’’ qui mettent en évidence la nature changeante des risques selon les sous-groupes de population..

« Dépénaliser l’euthanasie ne changera rien à son poids psychologique et ontologique[17] ».
« Pour de nombreuses familles la vie végétative a un sens qu’il faut respecter. C’est l’honneur d’une démocratie de considérer qu’un individu, fut-il dénué de conscience, est encore une personne… « Ne faisons pas les malins, nombreuses sont les situations où nous ne connaissons pas la bonne solution »
[18]


Gérard WETZEL, biologiste, ingénieur INPL pour SYNERGIE 71

[1] Emmanuel KROMITCHEF « est-on libre de se tuer » Réseau 21 journées de prévention 2005- DIJON
[2] Loi du 22 avril 2005 rédigée après l’affaire HUMBERT (2003) Rapport d’information 1298 tomes 1 et 2-Assemblée Nationale.
[3] Mission d’évaluation parlementaire de la loi du 22 avril 2005 - Rapport publié en décembre 2008
[4] M. de HENNEZEL, psychologue, audit du 28 mai 2008 pages 119-130 T.2
[5] Etude du Pr CHOCHINOV, d’Edouard FERRAND (p.123 T2)
[6] Patient en état végétatif mais pouvant répondre à quelques stimulations.
[7] Etablissements Hospitaliers pour Personnes Agées Dépendantes
[8] Mesure à prendre dans les établissements identifiés par décret.
[9] Enquête Dr Régis AUBRY , président du Cté National du suivi des soins palliatifs et de l’accompagnement (Tome 2 39-49)
[10] R. AUBRY, T1 pge 47
[11] Marie de HENNEZEL P120 T2)
[12] Qui sait que Chantal SEBIRE a refusé la chirurgie initiale, les traitements médicaux , l’hospitalisation en soins palliatifs ?
[13] Autrefois mal nommée « acharnement thérapeutique »
[14] Rapport Mission Evaluation LEONETTI T1 page 12
[15] Norme sociale véhiculée par certaines publications spécialisées décrétant les canons de la beauté féminine avec tous les abus utilisation de toxines botulique contre les rides, lipo-succion, sélection professionnelle d’anorexiques, perte de l’estime de soi , photos retouchées
[16] Psychologue américain, né en 1918, fondateur de la « suicidologie ». Ses premiers travaux concernent le suicide des militaires après la seconde guerre mondiale. Il donne naissance à la 1ère association internationale de prévention du suicide.
[17] Marie de HENNEZEL page 123-T2
[18] Dr Régis AUBRY (T2-p.47)